Trop lents les petits blancs

Deux jours seulement après notre arrivée à Nkuba, Frederik et moi étions déjà invités à nous joindre à une patrouille au cœur de la forêt. Contrairement aux patrouilles régulières menées par le staff, qui durent en moyenne deux semaines, celle-ci ne devait s’absenter que trois jours. Au programme : montrer au staff de terrain comment mesurer la densité de la canopée pour un nouveau projet. Pour nous, il s’agissait d’une très bonne opportunité de découvrir la forêt. Une chose est sûre pourtant, même trois jours en forêt, ce n’est pas une mince affaire !

Toutes les patrouilles partant dans la forêt, qu’elles visent à suivre les gorilles, étudier d’autres aspects de la biodiversité ou collectionner n’importe quel autre type de données scientifiques, doivent être minutieusement organisées. Imaginez 1300 km² de forêt vierge parcourue seulement de quelques petits chemins tortueux et boueux menant à quelques camps temporaires éparpillés de manière stratégique dans cette étendue verte. Les plus proches de ces camps se trouvent à quelques heures de marche de la base, mais il faut plusieurs jours de marche pour atteindre les plus éloignés !

Il n’est évidemment pas possible d’acheminer le matériel et la nourriture nécessaire à ces camps autrement qu’à pied, ce qui veut dire que le personnel doit amener avec lui tout ce dont il aura besoin pendant son séjour dans ces camps. Il faut donc porter toute nourriture, eau potable, tentes, matelas, couvertures, vêtements et matériel de terrain nécessaire pour deux semaines. Et pour couronner le tout, il fait très chaud et humide.

Le matin du 14 décembre 2020, Frederik et moi étions excités de pouvoir explorer la forêt primaire de Nkuba alors que nous suivions notre équipe sur le chemin quittant la base. Le plan était simple : marcher 3 heures jusqu’à la rivière Lowa que nous traverserions en canoé, puis marcher encore une heure pour atteindre le camp où nous allions passer deux nuits. Il ne nous a fallu que quelques minutes pour comprendre qu’il y avait peu de chance que nous nous en tenions au plan. Quatre heures de marche jusqu’au camp en tout? Plutôt 6 heures de marche pour les deux blancs… Et sans manger.

Les habitants ont l'habitude de marcher dans la forêt, avec la chaleur, les chemins boueux, les racines, les fourmis. Ils marchent si vite que nous ne pourrions même pas essayer à suivre. Evidemment, nous avons trouvé l'équipe qui nous attendait au croisement avec la rivière. Et puis encore au camp, où ils avaient déjà eu le temps de monter toutes les tentes et étaient occupés à construire une salle à manger. Ils ont ri un peu des «muzungus» (les Blancs en swahili), mais pas trop: apparemment, d'autres étrangers avaient fait bien pire dans le passé. Notre honneur était (presque) sain et sauf. Mais sur le chemin du retour deux jours plus tard, un de nos collègues nous a ramenés avec une demi-heure d'avance. Vous savez, donc le reste de l'équipe n'aurait plus à nous attendre à la traversée de la rivière.

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