Des légumes pour combattre la faim dans un petit village congolais

Bienvenue à Biruwe ! Biruwe est un petit village du Nord-Kivu situé à 5 kilomètres de Nkuba, le village où nous vivons. Frederik et moi avons visité Biruwe pour la première fois il y a quelques mois quand Frederik s'est rendu à l’hôpital pour faire le test de la malaria. Heureusement pour nous, il n’avait pas la malaria, juste un gros rhume ! Mais c’était doublement notre jour de chance, car cette visite nous a permis de faire la rencontre du dr. Bikungu. C’est en 2015 que le docteur Jonathan Bikungu est arrivé à Biruwe. Pas facile pour un jeune homme élevé dans la ville de Goma de venir vivre avec sa famille dans un endroit si reculé. La vie à Biruwe, comme dans tous les villages avoisinants, est dure. Ici, nous n’avons pas accès à l’eau potable, l’électricité et… à de la nourriture saine.

Dans la région où nous nous trouvons, le régime alimentaire est presque exclusivement basé sur le manioc amer. Tous les jours, les femmes mélangent la farine de manioc, faite à partir de la racine de la plante, avec de l’eau, pour en faire des boules collantes appelées ‘foufou’. Les feuilles de manioc quant à elles sont cuites avec de l’huile de palme pour faire du ‘sombe’, une sorte de mélange amer qui ressemble un peu à des épinards. Le foufou et le sombe sont mangés à presque tous les repas avec un accompagnement de viande ou de poisson – frais ou séché. Au Congo, le meilleur de tous les repas est une pile de viande ! Mais la viande et le poisson ne sont pas faciles à trouver dans la forêt et très chers dans les rares marchés des villes avoisinantes, ce qui fait que peu de gens peuvent se permettre d’en manger tous les jours.

Un tel régime alimentaire, peu varié et pauvre en légumes et en fruits, n’est évidemment pas sain. Ici, la malnutrition touche tout le monde, mais est particulièrement sévère chez les enfants. Jonathan, en tant que docteur, ne pouvait que constater chaque jour les effets dévastateurs de la malnutrition sur les habitants des communautés locales. Lui-même souffrait du manque de diversité et de vitamines dans ses repas quotidiens. Il devait trouver une solution. Rapidement. C’est alors que lui vient l'idée de fonder FAEVU : la Fondation des Aigles pour l’Encadrement des Vulnérables. Il voulait créer une fondation dont le but serait d’aider les femmes, les enfants et tous ceux vivant dans la plus grande pauvreté en leur fournissant de la nourriture saine. FAEVU vit donc le jour avec l’établissement de champs où Jonathan se mit à faire pousser des légumes. Poivrons, tomates, concombres, aubergines, choux, oignons, carottes, patates douces… Il y a toujours quelque chose de délicieux à trouver dans les champs de FAEVU.

Mais Jonathan n’est pas seul à FAEVU. Parce que tout, depuis le labour jusqu’à la collecte des légumes et fruits, doit être fait à la main, il lui a vite fallu de l'aide. La fondationse mit alors à engager les femmes des communautés avoisinantes. Les jours où ces épouses et mères travaillent dans les champs de FAEVU, elles emportent avec elles une partie de la production. De cette manière, les légumes et les fruits bénéficient directement à leurs familles. Jonathan vend le reste de la production. Il utilise alors l’argent pour acheter plus de semences et élever des lapins et des poules. FAEVU peut ensuite offrir ces animaux aux membres les plus démunis de la communauté afin qu’ils commencent leur propre élevage. Et mangent de la viande un peu plus souvent sans devoir aller chasser les animaux sauvages.

FAEVU n'aurait pas vu le jour sans le Dian Fossey Gorilla Fund International. L'organisation a apporté un soutien financier au projet dès ses tout débuts. Aujourd'hui, nous fournissons toujours à FAEVU du matériel, comme des tuyaux ou des uniformes. Les uniformes en particulier sont un grand succès auprès des travailleurs, qui aiment se sentir membres de cette équipe incroyable.

Et maintenant ? Dr. Bikungu n’a pas fini. Avec l’aide de Bonheur et Josue, deux jeunes hommes enthousiastes, il a lancé un nouveau projet baptisé ‘Jardins de Cases’. Ce projet aide les femmes de la communauté qui veulent créer un potager autour de leur maison (appelée case en Afrique rurale). Une addition bienvenue aux repas quotidiens. Et les potagers de cases sont bien plus pratiques que les champs de manioc souvent situés dans la forêt, à plusieurs heures de marche de chez elles.

Mais ce n'est pas tout. Jonathan a également mentionné qu'il créait une boulangerie. Frederik et moi sommes très enthousiastes à ce sujet. Il nous faut actuellement quatre à cinq heures de voiture pour avoir du pain frais! Cela signifie que nous avons de la chance si nous mangeons du pain une fois toutes les quelques semaines. Nous avons hâte d'avoir du pain frais tous les jours, ainsi que notre livraison hebdomadaire de légumes. Car avouons-le: sans les verts de Jonathan, nous n'aurions pas survécu longtemps avec le régime de Nkuba.

Notre approvisionnement en légumes frais pour la semaine!

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